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15.4 : Lecture d'un échantillon annoté : étude de cas sur Louis Victor « Tan » Leborgne

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    Objectifs d'apprentissage

    À la fin de cette section, vous serez en mesure de :

    • Appliquez la pensée critique et la communication dans différents contextes rhétoriques et culturels.
    • Identifier et décrire les conventions de genre et la situation rhétorique des études de cas.
    • Analysez les relations entre les idées et les modèles d'organisation.

    Présentation

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    Figure\(15.4\) Pierre Paul Broca (crédit : « Paul Broca » par Anonymous/Wikimedia Commons, domaine public)

    Le médecin français Pierre Paul Broca (1824-1880), l'un des premiers chercheurs en sciences du cerveau, est reconnu pour avoir développé des théories sur la façon dont le cerveau contrôle les fonctions motrices telles que le langage. L'un de ses patients, Louis Victor Leborgne, souffrait d'une perte continue de la parole qui l'empêchait de former des syllabes autres que le bronzage. Après le décès de Leborgne, Broca a examiné le cerveau de Leborgne et a observé certaines anomalies dans le lobe frontal gauche. Ces observations finiraient par mener à une découverte plus vaste selon laquelle différentes zones du cerveau contrôlent différentes fonctions motrices.

    Cet exemple d'étude de cas imagine ce que Broca aurait pu écrire à propos de Leborgne. Les références contemporaines à la fin de l'étude sont celles utilisées par l'auteur de l'étude de cas, et non par Pierre Paul Broca.

    Vivre selon leurs propres mots

    Admission du patient

    Cet homme caucasien de 50 ans a été transféré du service de psychiatrie au service de chirurgie de l'hôpital Bicêtre à Paris le 11 avril 1861. J'ai procédé à un examen physique approfondi lors de son admission. Le diagnostic actuel est une inflammation gangréneuse diffuse et une infiltration du tissu conjonctif de l'ensemble du membre inférieur droit, s'étendant du cou-de-pied vers le haut jusqu'à la fesse. Le patient présente une paralysie complète de ses membres droits. Les membres gauches sont mobiles et disposent d'un contrôle et d'une puissance adéquats. Le contrôle des intestins et de la vessie est intact. Les yeux sont également focalisés et réactifs à la lumière, bien que la vision de l'œil gauche se soit davantage détériorée que celle de l'œil droit. Le patient a de la difficulté à avaler de la nourriture, mais la langue n'est pas paralysée et la voix est normale.

    Remarque

    Présentation. Broca oriente d'abord les lecteurs vers les détails de l'étude de cas : le participant, Leborgne, et comment Leborgne a été confié à ses soins.

    Antécédents et contexte. Broca donne une description détaillée du participant à l'étude de cas. Il note les détails physiques de la paralysie de Leborgne afin que les lecteurs comprennent que Leborgne garde le contrôle de sa voix et de sa langue. Ces connaissances permettent à Broca d'éliminer la paralysie due à l'incapacité du sujet à utiliser le langage.

    Le patient est totalement incapable de former des mots autres que le tan à une syllabe, qu'il répète le plus souvent deux fois en succession rapide : « tan-tan ». Cela se dit dans des tons et des inflexions variables. La paralysie du bras dominant du patient empêche l'écriture. Néanmoins, le patient peut communiquer de manière surprenante par des expressions faciales et des gestes de la main gauche. Son intellect semble normal et il ne montre aucun signe de traumatisme crânien.

    Remarque

    Question de recherche. Dans ce paragraphe, Broca décrit plus en détail son participant et commence à mettre l'accent sur l'étude de cas. Les détails qu'il fournit sur la capacité de Leborgne à communiquer et à utiliser le langage seront au centre de l'étude. Broca observe que Leborgne peut communiquer de manière non verbale et qu'aucun signe physique n'indique que son cerveau pourrait être affecté. Broca veut comprendre pourquoi Leborgne communique comme il le fait.

    Historique du patient

    Histoire personnelle. Mes entretiens personnels avec les membres de ma famille ont révélé que Louis Victor Leborgne est né le 21 juillet 1809 à Moret-sur-Loing. La ville possède de nombreuses tanneries, ce qui explique peut-être son utilisation de la syllabe tan. Son père est professeur d'école primaire. Le patient est l'un des six frères et sœurs. Son activité précédente était celle de formier [artisan qui fabriquait des formes pour les cordonniers]. Il n'est pas marié et n'a pas d'enfants. Des membres de sa famille immédiate lui rendent visite mais n'ont pas été en mesure de lui prodiguer des soins à domicile, ce qui a entraîné une hospitalisation prolongée de 21 ans. Des entretiens avec d'autres patients du service ont indiqué que le patient est considéré défavorablement comme égoïste et vindicatif.

    Remarque

    Description des méthodes de recherche. Dans cette section, Broca note qu'il a interviewé la famille de Leborgne et d'autres patients à l'hôpital et fournit une hypothèse expliquant pourquoi Leborgne utilise la syllabe tan pour communiquer.

    Organisation. L'auteur utilise des titres pour organiser les différentes sections de l'étude de cas. Les titres principaux sont centrés ; les sous-titres sont justifiés à gauche.

    Antécédents médicaux. Mes entretiens avec les membres de sa famille et le personnel hospitalier responsables de ses soins n'ont révélé que des antécédents médicaux superficiels. Ils ont toutefois révélé que le patient avait développé une épilepsie dans son enfance ou sa jeunesse ; l'âge exact n'est pas connu.

    À l'âge de 30 ans, le patient a perdu la capacité de parler mais n'a pas immédiatement consulté un médecin. Lorsque son état a persisté, il est venu à l'hôpital de Bicêtre et a été admis au service de psychiatrie en 1840 (date exacte non enregistrée).

    Remarque

    Limites de la recherche. Broca souligne à nouveau l'utilisation des données d'entretiens personnels comme méthode de recherche/source principale. Il reconnaît les limites de cette méthode (« des antécédents médicaux superficiels ») mais a pu recueillir des détails pertinents, tels que la date à laquelle Leborgne a développé une épilepsie, la date à laquelle il a perdu la capacité de parler et la date à laquelle il a été admis pour la première fois à l'hôpital.

    Environ 10 ans après l'apparition de ses premiers symptômes, Leborgne a ressenti une faiblesse progressive du bras droit, qui s'est transformée en paralysie complète de ce membre. Cet état a été suivi d'une faiblesse de la jambe et du pied droits. Apparemment, il a fallu quatre ans entre le début de la paralysie de son bras droit et le patient a complètement perdu la capacité de se tenir debout. Au cours de ces années, sa vision et ses facultés mentales se sont également détériorées.

    Le patient est toujours au lit, ayant refusé de le quitter au cours des sept dernières années. Pendant cette période, ses vêtements étaient changés une fois par semaine. Le changement peu fréquent de vêtements a retardé la découverte de l'étendue de son inflammation et de son infection gangreneuses. À ce stade, le patient pouvait à peine bouger et a été transféré à l'unité chirurgicale, où je l'ai rencontré pour la première fois.

    Remarque

    Antécédents et contexte. Plus de détails sur les antécédents médicaux de Leborgne sont donnés. Broca conclut l'historique du patient en relatant les circonstances qui ont conduit à son traitement de Leborgne. Cette section fournit un compte rendu détaillé de tout ce que l'on sait sur le participant et son état. Cependant, Broca ne se fie pas uniquement aux archives pour recueillir cette histoire. Il interroge le personnel de l'hôpital pour tenter de recueillir des informations supplémentaires non enregistrées.

    Traitement

    La gangrène étant trop étendue pour être opérée, je me suis contenté de tester ses facultés mentales et sa compréhension du langage. En utilisant ses doigts, le patient a pu répondre avec précision à des questions mathématiques. Il a également compris les questions orales et y a répondu. Parfois, ses réponses étaient incorrectes, par exemple en prétendant avoir des enfants ; j'attribue ces lacunes à la septicémie, qui était déjà bien avancée.

    Remarque

    Méthodes de recherche. Dans cette section, Broca commence à raconter comment il a observé la capacité de communication de Leborgne.

    Analyse des résultats. Broca essaie d'expliquer la raison des réponses incorrectes de Leborgne.

    En l'absence d'irrégularités physiques pouvant entraîner sa perte de la parole, je conclus que cette affection doit être liée au fonctionnement du cerveau. Cette condition est si singulière qu'il semble utile de lui attribuer un nom spécial. Je vais donc l'appeler aphémie, ou perte de la parole.

    Le patient a expiré le 17 avril 1861 à 11 heures du matin. La cause du décès était une infection gangréneuse et une septicémie.

    Remarque

    Théorie générale. Broca avance une théorie sur la capacité limitée de Leborgne à communiquer : « la maladie doit être liée au fonctionnement du cerveau ». Cette théorie sera testée plus tard dans l'étude de cas et, si elle est correcte, elle pourrait être applicable au fonctionnement du cerveau pour tout le monde.

    Résultats de l'autopsie

    J'ai fait une autopsie 24 heures après l'autopsie et j'ai découvert un certain nombre d'irrégularités dans le cerveau du patient. Une zone ramollie au-dessus de la région périsylvienne contenait une cavité de la taille d'un œuf de poule remplie de liquide séreux. La perte de volume a affecté le gyri, la région périsylvienne sous-corticale, l'insula et une partie du noyau strié. J'ai pesé le cerveau et j'ai découvert qu'il était plus léger que d'habitude. J'attribue ce faible poids à la perte de volume dans l'hémisphère cérébral gauche.

    J'ai observé une malformation importante sur le lobe frontal gauche, qui, selon moi, est à l'origine de l'aphémie du patient et, par conséquent, de la localisation du cerveau contrôlant la production de la parole. Souhaitant préserver le cerveau, j'ai effectué un examen de surface uniquement, sans dissection complète. J'ai placé le cerveau préservé au musée Dupuytren à Paris.

    Remarque

    Méthodes de recherche. Broca fournit des détails sur l'autopsie et décrit les anomalies qu'il a découvertes dans le cerveau de Leborgne. Ces détails sont cruciaux pour l'étude en raison des commentaires antérieurs de Broca sur l'incapacité de Leborgne à communiquer en raison du fonctionnement du cerveau.

    Analyse des résultats. Broca affine encore ses théories en se basant sur ses observations du cerveau de Leborgne. Broca émet l'hypothèse que cette malformation est à l'origine de la maladie de Leborgne et qu'elle se situe donc dans la partie du cerveau liée à la parole.

    Discussion

    J'ai présenté le cas de Leborgne lors de la réunion de la Société d'anthropologie de Paris le 18 avril 1861, où il a suscité une vive controverse. Mon ancien professeur Jean-Baptiste Bouillaud avait déjà avancé l'idée que la fonction du langage est localisée dans les lobes frontaux, ce à quoi je suis d'accord, sur la base de mon autopsie du cerveau de Leborgne. L'anatomiste Louis Pierre Gratiolet s'est opposé à l'idée qu'il pourrait exister une zone spécifique responsable de la parole, faisant valoir que le cerveau fonctionne dans son ensemble. Le célèbre médecin Ernest Auburtin a affirmé que des zones spécifiques du cerveau ont des fonctions spécifiques et a ajouté que l'articulation motrice n'est pas directement liée à la capacité de concevoir des mots et des idées.

    Remarque

    Faire progresser les connaissances. Broca utilise son étude de cas pour contribuer à la recherche sur les fonctions cérébrales.

    Limites de la recherche. Broca note que tous les participants à la réunion ne sont pas d'accord, suggérant que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour en savoir plus sur le cerveau et pour savoir si des parties spécifiques contrôlent des fonctions spécifiques.

    Conclusion

    Étant donné que mon patient Leborgne a réussi à répondre à des questions verbales et mathématiques malgré sa perte de la parole, je suis convaincu que le fonctionnement du cerveau est localisé. La théorie d'Auburtin d'une spécificité plus compartimentée est intrigante, et j'ai l'intention de poursuivre cette idée. Le cerveau préservé de Leborgne est conservé au musée Dupuytren, où il est disponible pour une étude plus approfondie.

    Remarque

    Quelle est la prochaine étape. Invitant à poursuivre ses recherches, Broca invite son public à faire des recherches sur les fonctions cérébrales localisées. Il note que le cerveau de Leborgne est disponible pour que les chercheurs puissent l'observer.

    Références

    Domanski, C.W. (2013). Mystérieux « Monsieur Leborgne » : Le mystère du célèbre patient de l'histoire de la neuropsychologie est expliqué. Journal de l'histoire des neurosciences, 22 (1), 47—52. https://www.tandfonline.com/doi/abs/...4X.2012.667528

    Konnikova, M. (8 février 2013). L'homme qui ne parlait pas et comment il a révolutionné la psychologie. Scientifique américain. https://blogs.scientificamerican.com...ed-psychology/

    Mohammed, N., Narayan, V., Patra, D.P., et Nanda, A. (2018). Louis Victor Leborgne (« Tan »). World Neurosurgery, 114, 121—125. https://doi.org/10.1016/j.wneu.2018.02.021

    Ruane, M. (juillet 2013). Découvrir l'identité d'un patient âgé de 150 ans. Smithsonian. https://www.smithsonianmag.com/histo...tient-4563869/

    Question de discussion

    1. Quelles méthodes Broca utilise-t-il dans son étude de cas ?
    2. Quelles sont les observations de terrain de Broca ?
    3. Quels types de preuves Broca recueille-t-il pour son étude de cas ?
    4. Comment Broca analyse-t-il ses données ? À quelle conclusion parvient-il ?
    5. Si Leborgne avait vécu plus longtemps, comment Broca aurait-il pu élargir son étude sur l'utilisation du langage par ses patients ?

    Langage et expression

    Icônes de langue et de culture Lens

    L'une des conclusions importantes de l'étude de cas de Broca est que Leborgne a grandi dans la ville de Moret-sur-Loing. La ville comptait de nombreuses tanneries, ce qui a amené Broca à penser que l'utilisation de la syllabe tan par Leborgne était liée à sa maison. Pourquoi cette théorie est-elle importante ? Il montre comment l'histoire personnelle affecte les gens. Il est possible que Leborgne ait utilisé la langue de cette manière en raison de son histoire et de son association culturelle avec sa ville natale. La culture et l'identité ont un impact important sur la façon dont les gens utilisent la langue, même parmi ceux qui parlent la même langue.

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    Figure\(15.5\) La région de Broca, nommée en l'honneur de l'anthropologue et pathologiste français Pierre Paul Broca (1824-1880), qui a découvert sa fonction, est la partie du cerveau qui contrôle la parole articulée. La région de Wernicke, nommée en l'honneur du neurologue allemand Carl Wernicke (1848—1905), qui a décrit la région pour la première fois, est la partie du cerveau qui contrôle la compréhension de la parole. (crédit : « BrocasAreasmall » de la publication 97-4257/Wikimedia Commons des NIH, domaine public)